Entre 1867 et 2000, le gouvernement canadien a placé plus de 150 000 enfants autochtones dans des pensionnats d’un bout à l’autre du pays. Les autorités gouvernementales et les missionnaires étaient d’avis qu’afin de « civiliser et de christianiser » les enfants autochtones, il fallait les éloigner de leurs parents et de leur communauté d’origine respective.
La vie de ces enfants au pensionnat était empreinte de solitude et d’exclusion. La discipline y était stricte et le déroulement du quotidien, lui, fortement régenté. Les langues et les cultures autochtones étaient dénigrées et réprimées. L’éducation et la formation technique prenaient trop souvent la forme de corvées et de tâches ménagères assurant l’autonomie des pensionnats. La négligence à l’égard des enfants fut institutionnalisée et le manque de supervision donna lieu à des situations où les élèves furent victimes de sévices physiques et sexuels.
Une poursuite judiciaire déposée par les anciens pensionnaires a mené, en 2008, à la mise sur pied de la Commission de vérité et réconciliation du Canada. Étant l’aboutissement de plus de six ans de recherche, le rapport final de la Commission présente l’histoire des pensionnats ainsi que leur héritage, et trace la voie de la réconciliation.
Pensionnats du Canada : L’expérience métisse rend compte de la longueur et de la complexité de l’expérience des Métis dans les pensionnats du Canada. Celle-ci ne met pas seulement en cause le gouvernement fédéral et les autorités religieuses, mais aussi les administrations provinciales et territoriales. Les Églises souhaitant convertir autant d’enfants autochtones que possible, elles ne s’opposèrent pas à l’admission d’enfants métis. À Saint-Paul-des-Métis, en Alberta, les missionnaires catholiques romains fondèrent au début du XXe siècle un pensionnat sur mesure pour ces enfants, tandis que les anglicans établissaient des foyers pour ceux du Yukon dans les années 1920 et 1950.
La politique du gouvernement fédéral sur l’éducation des enfants métis était constamment redéfinie. À certains moments, le gouvernement considérait que les Métis faisaient partie de « classes dangereuses » que les pensionnats allaient civiliser et assimiler. Cette vision a mené à divers moments à l’adoption de politiques permettant l’admission de ces enfants. Toutefois, sur le plan de la juridiction, le gouvernement fédéral croyait que la responsabilité d’éduquer et d’assimiler les Métis revenait aux gouvernements provinciaux et territoriaux. Lorsque cette vision avait cours, les agents des Indiens avaient souvent l’ordre de retirer les enfants métis des pensionnats.
Comme les gouvernements provinciaux et territoriaux hésitaient à fournir des services à cette communauté, de nombreux parents métis souhaitant faire instruire leurs enfants dans une école n’avaient d’autre option que de tenter de les faire admettre dans un pensionnat. Lorsque les gouvernements provinciaux ont commencé à fournir davantage de services d’éducation aux élèves métis après la Deuxième Guerre mondiale, bon nombre de ces enfants vivaient dans des foyers ou des pensionnats dirigés ou financés par ces mêmes gouvernements. Il reste beaucoup à faire pour déterminer l’impact que ces établissements ont eu sur les enfants métis, leur famille et leurs communautés, et pour corriger la situation.